Films

Liste de films allemands pour les nostalgiques

Eh oui, je suis nostalgique de Berlin. Pour ne pas oublier cette ville durant laquelle j’ai vécu une année intense et mémorable, j’aime y retourner à travers les films et séries. Je vous propose donc ici une liste non-exhaustive de films allemands ou portant sur la thématique de l’Allemagne. Je les ai classé par époque, puis par genre et/ou par réalisateur. Un petit descriptif accompagne chaque film afin de vous donner une idée de l’intrigue. Viel Spass!

Classiques ante 2e GM

  • Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, Friedrich Wilhelm Murnau, 1922 (muet)

Histoire d’un vampire en Transylvanie.

  • Sinfonie der Großstadt, Walter Ruttmann, 1927(muet)

Présentation de Berlin sous la République de Weimar : vie quotidienne, habitants, us et coutumes, relations, classes sociales. Les plans qui s’enchaînent à une grande vitesse et la liberté de caméra sont impressionnants pour l’époque. Quelques touches d’humour à travers des superpositions de plans humains/animaux.

https://www.youtube.com/watch?v=CdDXS84F1_M

  • Metropolis, Fritz Lang, 1927 (muet)

Je ne pense pas avoir besoin de le représenter mais grand classique du cinéma allemand : un film de science-fiction expressionniste, dans une société dystopique où les riches vivent dans la ville haute et les travailleurs dans la ville basse. Un scientifique créé un robot à l’apparence féminine qui guide les ouvriers vers la révolution.

  • Menschen am Sonntag, Robert Siodmak, Edgar G. Ulmer, 1930 (muet)

Un film qui nous fait vivre un dimanche entier dans la vie des berlinois de la République de Weimar. On y voit toutes les activités de loisirs de l’époque, mais aussi les débuts de l’émancipation de la femme (mœurs, relations avec les hommes, travail, indépendance, coiffures courtes…). L’après-midi au bord du lac a été filmé à Wansee, au sud de Berlin (et près d’où j’habite).

https://archive.org/details/peopleOnSundaymenschenAmSonntag1930 (avec sous-titres anglais)

  • M – Eine Stadt such einen Mörder (M le maudit), Fritz Lang, 1931

Un tueur en série sévit dans des quartiers ouvriers de Berlin, où il enlève des enfants et les tue. Personne ne parvient à démasquer l’identité du tueur et tout le monde en vient à se soupçonner et à se dénoncer. C’est un des films pionniers dans l’utilisation du leitmotiv (ici une musique sifflée) et a certainement été influencé par le contexte de la montée du nazisme en Allemagne (suspicions et dénonciations entre voisins par exemple).

https://www.youtube.com/watch?v=ssdtn60srNc (sous-titres français)

  • Kuhle Wampe oder: Wem gehört die Welt, Slatan Dudow, 1932

Film écrit par Bertolt Brecht (et donc dans son style théâtral). Film ouvertement communiste et cherchant à diffuser ses valeurs et à représenter la vie du prolétariat : on suit l’histoire d’une famille berlinoise dans la crise économique, qui se retrouve à vivre dans une colonie ouvrière autonome. On y voit le travail ouvrier, les relations hommes/femmes (ces dernières sont émancipées, peuvent choisir d’élever leurs enfants seules sans mari donc elles sont très indépendantes), etc.

Je n’ai malheureusement que le lien vers la version allemande (peut-être qu’une version avec des sous-titres français peut se trouver en DVD ou médiathèques) :

https://www.youtube.com/watch?v=SWK2Rhh2T6c&t=535s

  • Der Triumph des Willens, Leni Riefenstahl, 1935

Un des films de propagande nazie les plus connus : on y voit Hitler auprès du peuple, acclamé. Le film suit surtout le congrès du NSDAP à Nuremberg en 1934. Intéressant à regarder pour analyser les techniques de propagande.

https://archive.org/details/TriumphOfTheWillgermanTriumphDesWillens (sous-titres anglais)

Bonus : Olympia de la même réalistarice (1938) qui relate les Jeux Olympiques de Berlin de 1936 avec une mise en avant des corps sculptés comme les héros grecs (très important dans la doctrine nazie) : https://www.youtube.com/watch?v=H3LOPhRq3Es

Films de la Guerre Froide (tournés pendant cette période)

  • Deutschland im Jahre Null, Roberto Rossellini, 1948

Un film assez peu connu de Rossellini qui reflète néanmoins très bien le courant néoréaliste italien. Rossellini a tourné presque l’entièreté des scènes dans les ruines à Berlin avec des acteurs qui font leur première expérience devant la caméra et qui ont vécu la guerre sur place. Un film qui cherche donc à représenter la réalité de « l’après » en Allemagne de l’Ouest.

https://www.youtube.com/watch?v=WUDg2L53WNY (sous-titres français)

  • Berlin – Ecke Schönhauser, Gerhart Klein, 1957

C’est un film de la DEFA (société de production de la RDA) au tout début de la Guerre Froide, quand Berlin n’est pas encore séparée d’un mur. Cette ambiance particulière se reflète dans la facilité de circulation entre les deux zones et les thèmes abordés (notamment la jeunesse rebelle).

Il est disponible sur l’Amazone Prime Video allemand mais je pense que sinon il faut le trouver en médiathèque.

  • One, two, three, Billy Wilders, 1961

C’est une superbe comédie américaine à la Wilder : très drôle et en avance sur son temps, ce film a été un échec à l’époque de sa sortie, mais il est devenu culte (et surtout la musique principale « Sabre Dance » qui est très connue) par la suite. Petite anecdote amusante : le film a commencé à être tourné en 1961 se tournait majoritairement en extérieur, il a donc directement été impacté par la construction du mur et ils ont dû tourner des scènes en studio en reproduisant notamment la porte de Brandenburg.

Le film se trouve facilement dans les médiathèques.

  • Die allseitig reduzierte Persönlichkeit – Redupers, Helke Sanders, 1977

Helke Sanders réalise et joue le rôle principal de ce film. Elle y interprète une photographe qui éduque son enfant seule et qui est à la recherche du projet artistique qui pourrait lancer sa carrière. C’est une réflexion sur Berlin divisée, sur la condition de la femme et du féminise en Allemagne de l’Ouest, et sur la vie d’artiste.

C’est un film que je conseille beaucoup car c’est un vrai film d’auteur, mais il est très difficile à trouver sur Internet. Il est peut-être disponible dans certaines médiathèques.

  • Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (Moi Christiane F., 1“ ans, droguée, prostituée…), Uli Edel, 1981

Ce film est inspiré de la biographie de Christiane Felscherinow, écrite par des journalistes allemands. Il relate l’histoire de cette berlinoise qui, à seulement 13 ans, était toxicomane et se prostituait à la station de métro du Zoo (Berlin-Ouest) pour se payer les doses. Petit fait peu connu : David Bowie fait une apparition dans le film dans une salle de concert (et Bowie adorait Berlin au passage donc c’est peu étonnant qu’il ait accepté de tourner ici).

Il est disponible sur certaines plateformes et sûrement en médiathèque.

  • Der Himmel über Berlin (Les Ailes du Désir), Wim Wenders, 1987

Celui-là est un de mes films préférés. Il est très lent et réflexif donc s’abstenir si on a du mal avec ce genre de films. Les thèmes abordés sont trèèèès larges : sens de la vie, la créativité et l’imagination, la condition humaine, l’histoire et notre rapport à la mémoire et au passé mais aussi les sentiments et l’inconnu. C’est un film très riche, on pourrait passer des heures et des heures à l’analyser. Une vraie pépite du cinéma allemand.

Il est disponible sur YouTube et Amazon Prime Video il me semble (donc à louer ça revient sûrement assez peu cher) et sinon il est forcément disponible en médiathèque car il a eu un succès international. 

  • Die Architekten, Peter Kahane, 1990

C’est un film qui n’a pas du tout marché à sa sortie en box-office parce qu’il a été produit au mauvais moment. Il expose les obstacles à la créativité et aux idées nouvelles auxquels sont confrontés les artistes et architectes de la RDA. Le modèle communiste veut privilégier les architectures simples mais impressionnantes et suffisamment bien aménagées pour loger le plus de monde ; il privilégie le pratique et le bon marché sur l’originalité et l’art. On suit donc le combat d’un groupe de jeunes architectes qui veulent moderniser ce modèle.

Il est disponible sur le Prime allemand mais non sous-titré. Comme il est peu connu, je ne pense pas qu’on puisse le trouver autrement.

Films depuis les années 1990

Ces films étant récents, on peut les trouver un peu partout (et payant généralement) : YouTube, Netflix, Amazone Prime Video, etc., ainsi que dans les médiathèques évidemment.

Film d’action/Thriller

  • Funny Games, Michael Haneke, 1997

C’est une pépite du cinéma autrichien, un de ces thrillers qui vous empêchent de dormir. Il s’agit de l’histoire d’un couple qui partent dans leur maison de campagne avec leur fils et leur chien, mais deux étranges inconnus semblent s’intéresser un peu trop à eux… Attention, les images sont très choquantes dans ce film car il est réaliste ; s’abstenir si on ne supporte pas le gore/la vue du sang.

  • Lola rennt, Tom Tykwer, 1998

Un film allemand très connu qui rompt beaucoup avec les précédents films de la liste et insuffle un nouveau mouvement dans le cinéma allemand. Les musiques ont été faites par le réalisateur et s’inspirent clairement de la techno berlinoise (déjà très en vogue à l’époque). Un film sur le modèle de Rashomon avec plusieurs fins alternatives selon des points de vue différents.

  • Die fetten Jahre sind vorbei (The Edukators), Hans Weingartner, 2004

Trois jeunes allemands anticapitalistes s‘associent pour se rebeller contre le monde actuel et mènent des actions dans des villas de riches familles. C’est un film sur l’engagement politique et la forme qu’il prend sur la durée, notamment à travers un personnage anciennement socialiste mais qui a abandonné ses idéaux pour vivre richement.

  • Das Leben der Anderen, Florian Henckel von Donnersmack, 2006

Un excellent film, très connu (il a notamment gagné l’Oscar du meilleur film international), qui relate la mise sous écoute d’un couple d’artistes par la Stasi. On suit donc leur vie à travers les écoutes et l’espionnage de l’officier Gerd Wiesler, qui apprend en même temps que nous à les connaître.

  • Die Welle, Dennis Gansel, 2008

Un film aussi très connu, que les LV1 ou LV2 allemands ont généralement vu au collège ou au lycée. Un professeur dans un lycée propose d’animer un atelier sur le thème de l’autocratie avec une méthode assez atypique : pour que les élèves prennent conscience du possible retour au totalitarisme dans un pays tel que l’Allemagne, il organise un jeu de rôle grandeur nature en infligeant des règles strictes de discipline aux élèves. Un jeu qui va tourner au cauchemar…

  • Der Baader Meinhof Komplex, Uli Edel, 2008

C’est l’histoire de la bande à Baader, une organisation terroriste de l’extrême-gauche allemande aussi appelée « Die Rote Armee Fraktion » (la Fraction armée rouge). Elle s’est formée en 1967 après la mort de Benno Ohnesorg, un étudiant qui militait contre la venue du Shah iranien Mohammad Reza Pahlavi. Le mouvement s’est radicalisé après les affrontements de 1968 avec la police allemande (mai 1968 a aussi eu lieu en Allemagne de l’Ouest), où le leader Rudi Dutschke est victime d’une tentative d’assassinat. Le groupe se met alors à poser des bombes dans des lieux fréquentés (centres commerciaux, commissariats…).

Je conseille vraiment ce film car il relate des faits réels qui ont bouleversé l’Allemagne de l’Ouest pendant plusieurs années, et dont on connaît très peu l’histoire en France.

  • Victoria, Sebastian Schipper, 2015

Ce film est une petite pépite du cinéma allemand contemporain : réalisé en un seul plan séquence, il relate l’histoire d’une expatriée espagnole, Victoria, qui se retrouve emportée dans une histoire de braquage de banque pendant une nuit à Berlin. Le rythme du film est bien calculé, la performance des acteurs est incroyable (avec Frederick Lau dans les acteurs principaux et qui est très bon dans les rôles de criminel). Le film a même été présenté à la Berlinale (festival de film annuel à Berlin) : je ne peux que vous conseiller de vous précipiter pour le voir.

Comédies

  • Sonnenallee, Leander Haußmann, 1999

C’est une comédie sur des jeunes berlinois de l’Est qui rêvent de l’Ouest dans les années 1970. L’aspect intéressant du film est qu’il s’oppose aux habituels représentations négatives de l’Allemagne de l’Est, où la police politique contrôle les faits et gestes. Ici, les jeunes certes aspirent à la vie de l’Ouest mais semblent bien vivre en RDA.

  • Französisch für Anfänger, Christian Ditter, 2006

Une comédie franco-allemande qui a pour thème principal un échange entre des correspondants des deux pays. Il est assez amusant et léger, je l’avais vu au collège.

  • Er ist wieder da (Il est de retour), David Wnendt, 2015

Beaucoup de français connaissent ce film parce qu’il est disponible sur Netflix. On se retrouve dans un monde parallèle où Hitler ressuscite et se retrouve dans l’Allemagne de nos jours. Il décide alors de relancer sa campagne politique en l’adaptant au monde actuel. Derrière la comédie, il y a une vraie réflexion sur le monde d’aujourd’hui : des scènes ont notamment été tournées en caméra cachée dans des réunions néo-nazies, et on entend donc les propos fascistes et racistes de l’Allemagne profonde. Finalement, est-ce qu’on ne pourrait retrouver un leader nazi et croire en lui sans se rendre compte de rien, même aujourd’hui ? A-t-on réellement tiré des leçons du passé ?

  • Wilkommen bei den Hartmanns, Simon Verhoeven, 2016

Une comédie qui se fonde sur le même principe que Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? La mère de famille, se sentant seule et délaissée par son mari et ses enfants qui ont déjà quitté la maison, décide de prendre un réfugié sous son aile et de le loger chez eux. Le film est très touchant et drôle et l’humour est légèrement moins lourd que dans son pendant français. 

  • Toni Erdman, Maren Ade, 2016

C’est un film qui a notamment eu un gros succès en France et qui est vraiment très drôle. C’est l’histoire d’un père qui se sent seul et qui s’ennuie, et sa fille lui manque. Il décide de débarquer à l’improviste à Bucarest pour lui rendre visite alors qu’elle en pleine négociation avec des clients importants. Il se fait alors passer pour un riche investisseur et cherche à apprendre à sa fille à vivre pleinement sa vie.

Drame/Comédie 

  • Good Bye, Lenin!, Wolfgang Becker, 2003

Un grand classique du cinéma allemand, généralement LE film que les élèves d’allemand regardent au collège puis au lycée. C’est une très bonne comédie avec une histoire farfelue mais bien menée : alors qu’elle est cadre du SPD, la mère d’Alexander fait un infarctus et tombe dans le coma en 1989. Elle ne se réveille que huit mois plus tard alors que le mur de Berlin n’existe plus. Craignant que sa mère refasse un infarctus par l’émotion du changement, Alexander essaie de lui cacher la fin de la RDA et à recréer de toute pièce (notamment en filmant de fausses émissions) l’époque communiste. Petit plus : Yann Tiersen a composé la bande originale du film.

  • Almanya – Wilkommen in Deutschland, Yasemin Şamdereli, 2011

Un des nombreux films germano-turcs sur la question de l’immigration et de l’identité. Dans ce film, il est question de la « Heimat », un mot particulier en allemand qui désigne « un lieu où l’on se sent chez soi ». Une famille germano-turque va retourner à ses racines et réapprendre son histoire, des grands-parents aux petits-enfants. C’est une très belle histoire, amusante et touchante, et qui fait réfléchir sur l’identité, notamment nationale, et sur ce qu’est le « chez soi ».

  • Oh Boy, Jan Ole Gerster, 2012

Alors, je mets ce film dans « Drame/Comédie », mais il est assez particulier et il relève presque de l’absurde. On observe les déambulations d’un jeune homme Niko, qui a quitté la fac et cherche un sens à sa vie. Il est fainéant et ne s’engage à rien au début du film, mais une série de mésaventures et de rencontres vont changer sa perception du monde en une journée, le rendant enfin responsable. C’est un très beau film en noir et blanc avec une inspiration de musique Jazz.

  • Honig im Kopf, Til Schweiger, 2014

Un film très touchant et drôle sur le périple d’un grand-père, Amandus, et de sa petite fille, Tilda. Amandus est touché par la maladie d’Alzheimer et les parents veulent le placer en Ehpad, ce que Tilda refuse. Elle décide donc de fuguer avec son grand-père pour retrouver des lieux qu’il a fréquenté et raviver sa mémoire.

Drame

  • Vier Minuten, Chris Kraus, 2006

Un film que j’ai découvert à la fin du collège : l’histoire d’une détenue qui va trouver sa voie grâce au piano, se découvrant musicienne prodige, et c’est aussi l’histoire d’une amitié qui va naître entre deux générations de femmes (la professeure et la détenue).

  • Berlin Calling, Hannes Stöhr, 2008

J’ai hésité à le mettre en « Drame/Comédie » car plusieurs scènes du film sont loufoques et très drôle, mais il est vrai que le thème en lui-même reste assez sombre. Il s’agit d’un DJ berlinois qui est addicte aux drogues et qui se retrouve en hôpital psychiatrique en cure de désintoxication. Il a du mal à respecter ce sevrage et rechute à plusieurs reprises. Le seul espoir auquel il se raccroche est son prochain album. Le film nous plonge dans l’univers techno de Berlin (et je trouve que c’est assez représentatif de ce que j’ai moi-même pu voir). Bref, je recommande si vous voulez découvrir cette facette de l’Allemagne (et surtout de Berlin), surtout qu’il est dispo sur Netflix.

  • Kirschblüten – Hanami (Cherry Blossoms, un rêve japonais), Doris Dörrie, 2008

Cette fiction relate l’histoire de Rudi, atteint d’un cancer en phase terminale sans le savoir, et sa femme Trudi, qui lui cache l’existence de sa maladie. Sentant que le temps presse, elle el convainc de voir ses enfants à Berlin mais ceux-ci sont trop occupés pour prendre soin d’eux. Alors qu’ils se rendent à la mer baltique, Trudi meurt soudainement, laissant Rudi seul et désemparé. Il finit alors par s’intéresser à la passion de sa femme pour la culture japonaise et la « danse des ténèbres » et cherche à se reconnecter avec son esprit en se rendant au Japon. Une très belle histoire, très poétique.

  • Kriegerin (Guerrière), David Wnendt, 2011

Ce film représente la scène néonazie allemande, soulignant les fractures entre l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest. Dans ces foyers néonazis que sont Chemnitz ou Jena, il y a un fort taux de chômage et une grande précarité. Cela mène donc beaucoup d’habitants à se laisser séduire par la doctrine néonazie. Ici, le film se concentre sur Marisa, néonazie, qui se retrouve nez à nez avec un migrant. On voit des scènes de haine (xénophobie, antisémitisme, etc.) très violente, et on plonge dans ce monde machiste, qui attire une nouvelle recrue, Svenja, qui ira plus loin encore dans la doctrine pour se faire accepter dans sa nouvelle communauté. 

  • Vor den Morgenröte (Stefan Zweig, adieu l’Europe), Maria Schrader, 2016

Un film biographique sur les dernières années de la vie de Stefan Zweig, une fois qu’il a fui l’Allemagne nazie. Il se réfugie au Brésil, à Rio, où il est accueilli et célébré par la haute société. Il va également épouser sa secrétaire, Lotte, à Londres, après avoir divorcé avec sa première femme, et elle l’accompagne à Rio.

  • 3 Tage in Quiberon, Emily Atef, 2018

Le film relate une célèbre interview (qui a vraiment eu lieu) de Romy Schneider à Quiberon en 1981. Elle y est en cure car fatiguée, notamment par sa célébrité et les désordres de sa vie personnelle. Des beaux plans qui soulignent la fragilité psychologique et émotionnelle du personnage.

Drame/Histoire

  • Der Untergang (La Chute), Oliver Hirschbiegel, 2004

Un film allemand assez connu qui relate les dernières heures du IIIe Reich. On y voit un Hitler anxieux, et on a presque pitié pour lui (ce qui a été d’ailleurs reproché au film) mais cela reste une grande réussite. Personnellement, j’ai retenu mon souffle tout le long. Et le film a quand même été nominé aux Oscars pour le meilleur film étranger.

  • Sophie Scholl – Die letzten Tagen, Marc Rothemund, 2005

Un film qui relate assez bien l’histoire de Sophie Scholl et de ses amis de la Rose Blanche, un mouvement de résistance étudiant pacifiste à Munich contre le régime nazi. Leur destin est tragique mais célèbre en Allemagne (un peu normal, ils font partie des rares héros de cette période).

  • Im Labyrinth des Schweigens, Giulio Ricciarelli, 2014

Un film qui retrace le combat d’un jeune procureur dans les années 1950, cherchant à ressortir les archives sur les nazis et à relancer les procès contre les anciens officiers SS qui ont repris une vie normale au sein de la RFA. Au-delà de l’aspect historique, ce film montre bien le creux générationnel dans la mémoire du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale : les jeunes générations découvrent que les criminels de la guerre n’ont pas nécessairement été jugés et que la justice n’a pas été rendue, et ils reprochent à leurs aînés d’essayer d’enterrer ce passé.

  • Das schweigende Klassenzimmer, Lars Kraume, 2018

Ce film retrace l’histoire d’un réel épisode de la RDA : en 1956, une classe de lycéens décident de faire une minute de silence en plein cours en hommage aux victimes de l’insurrection de Budapest, qui avait été durement réprimée par l’URSS. Ce simple non-geste se transforme en une affaire d’Etat, où le gouvernement cherche à identifier les initiateurs de cette démarche. Un bon exemple des types de contestations qui ont eu lieu en RDA/dans le monde communiste.

Par réalisateurs

Je fais des rubriques spéciales pour deux réalisateurs qui ont fait beaucoup de films très connus ou primés en Allemagne. Je n’ai pas mis tous leurs films mais ceux qui ont le plus d’intérêt selon moi.

Christian Petzold

  • Yella, 2007

Un très bon thriller récompensé à la 57e Berlinale : une jeune femme se sépare de son mari et souhaite déménager pour commencer une nouvelle vie à Hanovre. Malheureusement, son ex-mari ne voit pas les choses de la même manière et fait tout pour l’empêcher de partir, jusqu’à créer un accident de voiture. Tous deux survivent mais Yella s’enfuit pour prendre son train vers Hanovre. Là-bas, elle rencontre un homme d’affaire douteux qui l’entraîne dans des affaires de chantage d’argent. La chute du film est clairement inattendue.

  • Jerichow, 2008

C’est un film qui tourne autour d’un triangle amoureux : un soldat allemand est renvoyé de l’armée alors qu’il était engagé en Afghanistan. Il décide de rénover la maison de sa mère, tout juste décédée, et retourne à Jerichow. Là-bas, il travaille pour un entrepreneur turc, Ali, et commence à se rapprocher de sa femme, Laura. Un autre récit sur l’Allemagne de l’Est.

  • Barbara, 2012

Un film qui a reçu l’ours d’argent à la Berlinale 2012, et qui reflète bien le style cinématographique de Petzold. Nous sommes en RDA, une chirurgienne-pédiatre est mutée dans une clinique de province car elle est suspectée de vouloir s’enfuir en RFA. Elle est confrontée à un monde qu’elle ne connaît pas et doit choisir entre son envie de liberté et son désir de rester auprès de ses patients et de l’équipe de médecins à laquelle elle s’attache.

  • Transit, 2018

Originellement un drame historique, ce film ne respecte pas les codes habituels du genre puisqu’il représente la période des années 1940 à Marseille sous un jour assez contemporain, avec des anachronismes délibérés. La volonté du réalisateur ici est de faire un parallèle entre les réfugiés de l’époque, qui fuyaient les régimes fascistes, et ceux d’aujourd’hui. Tout cela scénarisé autour d’une intrigue amoureuse, comme d’habitude chez Petzold.

Fatih Akin

  • Im Juli, 2000

Comme la plupart des films de Fatih Akin, l’histoire tourne autour de l’immigration, le voyage et l’amour. Daniel, jeune professeur, achète une bague en forme de soleil à la vendeuse Juli, qui lui promet qu’il rencontrera l’amour de sa vie le même jour s’il la porte. Juli l’invite par ailleurs à une soirée afin de le séduire, mais il pense tomber amoureux d’une jeune turque, Melek, qui repart pour Istanbul. Daniel décide de la suivre ; Juli, déçue, décide de partir en stop là où la première personne qui s’arrêtera ira. Le hasard fait que c’est Daniel qui la prend en stop, et ainsi démarre leur périple en Europe.

  • Solino, 2002

Une famille italienne décide de s’installer en Allemagne pour trouver du travail dans les années 1970. Comme le père ne veut pas se salir les mains dans l’industrie minière et qu’il s’avère qu’un local en-dessous de chez eux est à louer, ils décident d’ouvrir une pizzeria, la première d’Allemagne. On y voit donc la famille évoluer, et les enfants tenter de réaliser leurs rêves même si leurs origines étrangères semblent leur mettre des bâtons dans les roues.

  • Auf der anderen Seite, 2007

Très beau film qui a été récompensé à Cannes en 2007 pour le meilleur scénario. On assiste à une histoire parallèle entre deux protagonistes. Nejat, dont le père a commis un homicide involontaire envers sa compagne du moment, une prostituée d’origine kurde qui s’appelle Yeter, souhaite expier la faute de son père en rapportant la nouvelle à la fille de Yeter, Ayten. Il pense que celle-ci se trouve à Istanbul et part à sa recherche. Parallèlement, on assiste au destin d’Ayten, qui est forcée de quitter clandestinement son pays pour l’Allemagne car elle est une opposante au régime turc actuel.

  • Aus dem nichts (In the Fade), 2017

Ce film aussi a reçu une récompense à Cannes en 2017 pour le prix de l’interprétation (Diane Kruger, une actrice vraiment génialissime – au passage son premier film dans sa langue maternelle). C’est l’histoire de Katja, dont le fils et le mari sont tués dans un attentat terroriste d’extrême-droite. Malgré l’enquête policière, les deux terroristes néonazis allemands sont innocentés lors du procès. Katja veut mettre fin à ses jours mais la soif de vengeance est plus forte, et elle part alors à la poursuite des deux assassins. C’est un thriller vraiment très réussi.

Séries

  • Babylon Berlin, Tom Tykwer, 2017-aujourd’hui

Une série inspirée d’un polar, qui se déroule dans le Berlin des années 1920 et les mondanités de l’époque. Il y est question des différentes classes sociales, de la nightlife berlinoise (dans les boîtes de nuit de l’époque) et de conflits politiques et assassinats. On y retrouve aussi le malaise politique de la République de Weimar, où l’extrême-gauche et les sociaux-démocrates s’affrontent et certains autres rêvent d’un retour du Reich. Une série qui a eu un grand succès en Allemagne.

  • Dark, Baran bo Odar, 2017-2020

Cette série n’est plus un mystère pour un grand nombre de clients Netflix : depuis 2017, elle nous fait frissonner de peur. C’est un thriller mêlant enquête policière et événements paranormaux : un policier cherche désespérément son fils disparu, Mikkel, et fait le lien entre cet événement et une disparition similaire 33 ans plus tôt, celle de son petit-frère Mads. La dernière saison (3e) est en route et devrait sortir cet été sur Netflix. Petit conseil néanmoins : je recommande vivement de regarder cette série en journée plutôt que le soir (si vous voulez dormir) et avec quelqu’un à côté, c’est toujours plus rassurant.

  • Parfum, Oliver Berben et Saeah Kirkegaard, 2018

Une série policière basée sur le livre Le Parfum de Süskind, avec une floppée de (très) bons acteurs allemands. Le scénario est bien ficelé : une femme est retrouvée morte nue, avec des glandes odorantes excisées de son corps, et très vite les pistes mènent vers un groupe d’ami qui ont fréquenté le même internat et qui semblent avoir beaucoup de choses à cacher. C’est seulement six épisodes et c’est sur Netflix.

  • Criminal: Deutschland, Oliver Hirschbiegel, 2019

Criminal est une série qui présente douze affaires criminelles en France, Grande-Bretagne, Espagne et Allemagne. Pour chaque pays, il y a trois épisodes, soit trois affaires différentes. Tout repose sur l’échange entre l’interrogé et l’officier de police, le conflit mental et psychologique entre les deux personnages ; l’un doit cacher la vérité, l’autre essayer de la découvrir au moyen de preuves ou de suggestions. Je n’ai vu que la version allemande mais je pense que les autres sont aussi super (et c’est disponible sur Netflix).

  • Unorthodox, Anna Winger et Alexa Karolinski, 2020

Une vraie petite pépite de quatre épisodes qui s’inspire en partie de l’histoire de Deborah Feldman. Une jeune femme de la communauté juive hassidique de New York City s’enfuit à Berlin pour y commencer une nouvelle vie. Là-bas, elle y découvre des nouvelles mœurs, et bien qu’elle prenne du temps à s’y adapter, elle embrasse cette vie de libertés. Malheureusement, la communauté d’où elle vient ne l’entend pas ainsi et deux hommes dont son mari se lancent à sa poursuite. La série montre vraiment bien les différentes facettes que peut revêtir Berlin, et on y ressent bien l’esprit de liberté (que j’ai personnellement vécu) dans ces espaces grands et aérés. Certains acteurs sont allemands, mais les langues parlées sont majoritairement le yiddish (très proche de l’Allemand) et l’anglais.

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